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Architecte-scénographe aux Jeux olympiques de Paris 2024 : le parcours de Victor

Architecte-scénographe aux Jeux olympiques de Paris 2024 : le parcours de Victor

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Victor, architecte-scénographe diplômé de l’ENSA Paris-Val de Seine et de l’ENSA Paris-Belleville, a été recruté pour travailler sur l’aménagement de l’un des sites de compétition des Jeux olympiques de Paris.

Pour Architektôn, il revient sur l’organisation de cet événement mondial, qui aura lieu pendant l’été 2024, ainsi que sur son rôle dans l’aménagement du site de Paris La Défense Arena.

Comment as-tu été embauché aux Jeux Olympiques de Paris ?

Victor : À l’origine, j’ai été recruté dans le cadre d’un stage de fin d’études. Je cherchais à valider mon Master spécialisé en Scénographie. Je voulais faire ce stage dans les décors, mais je ne parvenais pas à trouver, donc j’ai fini par me trouver vers d’autres structures. Mon Master comportait aussi une partie dédiée à la “scénographie dans la ville”, c’est-à-dire l’aménagement d’événements dans les villes, qui m’avait plu. J’ai commencé à postuler ailleurs et finalement j’ai eu le choix entre Dior ou les Jeux olympiques de Paris 2024.

J’ai choisi les JO parce que c’est un événement d’une telle ampleur qu’il ne peut se produire qu’une fois dans une vie et je voulais y participer.

Quel est ton rôle exactement dans l’aménagement des sites pour les Jeux Olympiques ?

Victor : Depuis le départ, je suis architecte pour le site de compétition de Paris La Défense Arena pour les épreuves de natation, para-natation et water-polo. L’idée, c’est de transformer un stade de rugby en lieu de piscine, tribunes etc., pour accueillir la compétition.

Quel a été ton parcours avant cela ?

Victor : J’ai fait les 5 ans d’études d’architecture à l’ENSA Paris-Val de Seine. En Master 1, je suis parti avec le programme Erasmus, à Prague, pendant une année. En Master 2, j’ai terminé mon projet de fin d’études puis je me suis lancé dans le métier.

Entre mes deux années de master, j’ai fait un stage de deux mois et demi dans une petite agence, Units Architecture, qui n’avait même pas un an d’existence. Il y avait un architecte et deux ingénieurs, et on travaillait surtout sur des logements collectifs en IDF. J’y suis resté après mes études et j’y ai passé quatre ans, au milieu desquels j’ai validé mon HMONP à l’ENSA Paris-Val de Seine.

Comment t’es-tu dirigé vers l’architecture, et plus particulièrement vers la scénographie ?

Victor : J’ai toujours voulu travailler dans les décors de théâtre ou de cinéma. Au lycée, au moment de faire les choix d’orientation, j’avais vu qu’il existait une école de scénographie à Strasbourg, mais mes parents ont préféré que je fasse des études d’archi parce que c’était plus large, plutôt que de se lancer dans une filière de niche directement. Moi je n’étais pas contre l’idée, ça ne me dérangeait pas donc j’ai suivi leur conseil.

À l’époque, la plupart des écoles d’architecture sélectionnaient sur dossier, via Parcoursup. J’étais allé aux portes ouvertes de plusieurs écoles à Paris : les ENSA Belleville, Malaquais, Val de Seine, La Villette… C’est l’ENSA Paris-Val de Seine qui m’avait paru être la plus conviviale, c’était donc celle que je voulais et j’y ai été admis.

Je suis revenu à la scénographie plus tard, au moment du covid. Je travaillais alors dans la petite agence d’architecture depuis plusieurs années et j’ai eu envie de changement.

J’ai appris par une amie que l’ENSA Paris-Belleville avait créé, avec l’école Camondo, un Master spécialisé en scénographie. Après quelques recherches, j’ai compris que c’était exactement ce que je voulais faire et j’ai intégré la deuxième promo.

Comment s’est déroulée ton année de master spécialisé ?

Victor : L’année de ce master spécialisé est divisée en trois sessions avec différents pôles : 

  • Décors de théâtre, mise en scène
  • Muséographie (expositions)
  • Scénographie dans la ville (événements dans les villes, festivals, foires…)

Il y a sept mois de cours théoriques, avec des cours le vendredi et le samedi, puis six mois de mise en pratique pour valider le diplôme, avec un mémoire à rendre à la fin.

C’est ce Master qui m’a permis de rejoindre Paris 2024 et l’aménagement des sites pour l’accueil des Jeux olympiques.

Pour qui travailles-tu exactement ?

Victor : Je travaille directement pour Paris 2024, Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJO), financé à 99 % par des fonds privés. Je ne suis donc pas dans la fonction publique comme on pourrait le penser.

J’ai un CDI qui s’arrête en octobre 2024, après le démontage des piscines. Après ça, ce sera retour sur le marché du travail. Je vais essayer de trouver de nouveau dans l’événementiel, dans ce genre d’architecture.

Combien d’autres architectes travaillent pour les Jeux olympiques avec toi ?

Victor : Dans l’idée, il y a un architecte par site. Au total, il y a une trentaine de sites à aménager pour accueillir les Jeux, avec 22 sites de compétition, mais aussi d’autres sites comme des lieux d’entraînement, des gares, des hôtels, des aéroports… Ces endroits doivent aussi être aménagés de façon un peu particulière pour l’événement, c’est la délégation VNI (Venues and Infrastructure) dont les architectes font partie qui s’en occupe.

Comment s’organise l’événement sur le site de La Défense Arena ?

Victor : Actuellement, l’Arena est utilisée pour le rugby et des concerts. Mon rôle est de transformer ce site de manière à ce qu’il puisse accueillir les épreuves de natation et de water-polo, mais toutes les installations que l’on va devoir y monter sont temporaires : elles seront retirées après la fin des JO, en octobre 2024.

Tout l’intérêt et la difficulté du projet viennent de là : on ne creuse pas de piscines, on les pose seulement. Pour y arriver, il y a quelques aménagements à faire. Par exemple, on doit relever tout le rez-de-chaussée pour qu’il soit bien à niveau par rapport aux piscines. Nous, on travaille pour tout penser en amont de manière à ce que tout se passe bien le jour où notre partenaire viendra poser les piscines.

En fait, l’ensemble fonctionne comme une location : on récupère l’Arena pour la compétition, mais on devra rendre l’endroit à la fin et donc tout remettre en état, c’est pour cette raison que les structures sont démontables et temporaires.

Quelles sont les principales contraintes avec lesquelles tu dois composer pour aménager le site de l’Arena ?

Victor : Nous devons travailler avec tout le monde pour que tout rentre dans le planning et le budget. Il n’y aura pas de répétition, tout sera installé au dernier moment. Surtout, nos dates ne sont absolument pas flexibles : on a des dates précises à respecter pour le montage des piscines, et on ne peut rien décaler parce que les épreuves des JO devront avoir lieu quoi qu’il arrive.

Si l’on rencontre des problèmes le jour du montage, il faudra trouver des solutions de remplacement très rapidement pour que tout soit mis en place dans les délais malgré tout.

Avec combien de personnes travailles-tu ?

Victor : Sur le site de La Défense Arena, nous sommes quatre à travailler dans la même équipe, la VNI (Direction Sites et Infrastructures). Je suis le seul architecte, et les autres viennent d’autres écoles, de la gestion d’événements sportifs… 

Mon rôle au sein de l’équipe est de donner un site de compétition. Pendant l’événement, mon seul rôle consistera en la maintenance du site.

Au-delà de mon équipe, il y a différents pôles qui travaillent aussi sur le site : le pôle presse (photographes, médias…), le pôle sport (gestion de la compétition), les concessions, le pôle en charge de la nourriture et des boissons… On travaille tous ensemble pour que tout soit à la bonne place et que tout fonctionne parfaitement.

Avez-vous tous été recrutés en même temps ?

Victor : Non, le recrutement ne s’est pas fait en une seule fois. Il a lieu au fur et à mesure de l’avancement et les équipes grandissent au fil des mois.

Quand je suis arrivé chez Paris 2024, il y a un an et demi, il y avait déjà des architectes mais ils travaillaient sur plusieurs sites en même temps. Au fur et à mesure de l’avancée du projet, davantage d’architectes ont été recrutés jusqu’à ce que l’on puisse mettre un architecte sur chaque site. Maintenant, on est une trentaine d’architectes, certains sont là depuis 3 ans mais d’autres sont arrivés il y a six mois.

Au total, on doit être environ 1400 personnes à travailler pour l’organisation des Jeux Olympiques, mais à terme on devra être 4500. La masse salariale prend de l’ampleur en fonction des besoins et le recrutement a donc toujours lieu.

Ressens-tu une certaine pression par rapport à tes fonctions et à l’ampleur de l’événement ?

Victor : Pas plus que ça, mais il y a quand même la pression de l’événement en lui-même : on a une date limite, qu’on ne peut pas dépasser. Le rétroplanning est serré, mais on est dans les temps. On n’a pas besoin d’être en avance, on doit juste être prêt le jour J.

Je me visualise pendant le temps des jeux et je me dis que ça va être cool. Voir les plans prendre vie, ça va être extrêmement satisfaisant. Je vais être dans les coulisses d’un événement mondial !

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