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Études d’architecture : que signifie l’expression “être charrette” ?

Études d’architecture : que signifie l’expression “être charrette” ?

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Saviez-vous que l’expression “être charrette” trouve son origine dans les études d’architecture ? Toujours employée aujourd’hui, elle résonne particulièrement dans les ENSA (écoles nationales supérieures d’architecture), où les étudiants sont confrontés à la “culture de la charrette”. Architektôn fait le point sur l’origine de la tournure et ce qu’elle implique aujourd’hui dans les écoles d’architecture.

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D’où vient l’expression “être charrette” ?

Apparue au XIXe siècle, l’expression “être charrette” renvoie à une surcharge de travail ou à un travail à effectuer dans un délai particulièrement court. Elle sort tout droit du jargon des architectes.

Deux origines possibles pour cette expression populaire…

Quel est le rapport entre une charrette et une surcharge de travail ? Pour le comprendre, il faut revenir deux siècles en arrière, dans l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. À l’époque, l’architecture est enseignée au sein de l’établissement, aux côtés des trois autres disciplines que sont la peinture, la sculpture et la gravure.

Pour obtenir leur diplôme en architecture, les étudiants étaient invités à présenter une maquette au jury, qu’ils devaient réaliser en très peu de temps. Le jour de l’évaluation, l’administration de l’école envoyait une charrette pour récupérer les travaux, ces derniers pouvant être fragiles ou difficiles à transporter. Jusqu’au dernier moment, les étudiants poursuivaient leurs réalisations pour y apporter les dernières touches en cours de route.

Une autre interprétation de l’expression voudrait que les étudiants en architecture, qui devaient fournir dessins, plans et maquettes dans de courts délais, faisaient appel à des livreurs en charrette pour rendre leurs travaux à l’heure.

… mais la même signification !

Peu importe l’origine de la tournure, lorsque l’on entend quelqu’un se plaindre “d’être charrette”, cela signifie qu’il est pressé par le temps au moment de rendre un projet ou d’accomplir une tâche et, par conséquent, débordé de travail.

L’expression, toujours d’actualité, est particulièrement remise au goût du jour en ce moment puisque les étudiants d’architecture sont toujours confrontés à ce que l’on appelle la “culture de la charrette”.

Écoles d’architecture : la culture de la charrette remise en question ?

Qu’est-ce que la culture de la charrette ?

Aujourd’hui, la charrette désigne une surcharge de travail. Dans les écoles d’architecture, l’accumulation de multiples rendus dans des délais réduits est monnaie courante. Autrefois vue comme un vrai rite de passage, la charrette fait partie intégrante de l’enseignement et de l’apprentissage. Elle est devenue une tradition.

Les étudiants sont souvent contraints de passer des nuits entières à bûcher sur des projets pour pouvoir tout rendre à temps. Depuis les grèves et les blocages qui ont eu dans les ENSA en début d’année, ils pointent du doigt cette pratique, qu’ils jugent responsable d’un mal-être étudiant.

Quelles sont les conséquences des charrettes ?

En architecture, il n’est pas rare de voir des étudiants au bord de l’épuisement. C’est ce que causent les charrettes, qui impliquent de travailler plusieurs jours et plusieurs nuits d’affilée. Poussés à bout, les étudiants manquent de sommeil et portent une énorme pression pour pouvoir rendre à temps leurs travaux.

Alimentation, sommeil, santé physique et mentale… tout passe après le travail demandé par les professeurs. Mais pourquoi cette pratique perdure-t-elle, puisqu’elle est si néfaste ?

Vers une remise en cause des charrettes

C’est justement l’une des revendications des élèves d’architecture qui ont bloqué les enseignements dans les ENSA en ce début d’année 2023. Jugée éprouvante, voire dangereuse, les étudiants demandent à ce que soit abandonnée la culture de la charrette pour pouvoir étudier dans de meilleures conditions.

Depuis des décennies, les charrettes sont bien ancrées dans l’enseignement. Certains professeurs d’architecture, et notamment de projet, ont tendance à banaliser la pratique et n’hésitent pas à accabler les étudiants de travail pour les pousser à se dépasser. Historique, la charrette est bien ancrée dans les méthodes d’enseignement.

Le format des études constitue également un terrain propice aux charrettes. Avec des semestres d’études réduits, des salles de classe toujours occupées et des emplois du temps très chargés, les étudiants ont de plus en plus de travail à réaliser dans des délais toujours plus courts.

Des solutions trouvées par le Ministère de la Culture ?

La question de la culture de la charrette a beau revenir régulièrement dans les médias, le problème semble toujours autant d’actualité.

En mars 2022, le Ministère de la Culture publiait un plan d’action donnant des règles de conduite à suivre pour améliorer les conditions d’études et de travail des étudiants en architecture. Parmi les solutions préconisées pour limiter les charrettes, l’optimisation des emplois du temps, avec une demi-journée libre laissée aux étudiants pendant la semaine, l’organisation d’une heure de pause déjeuner ou encore la mise en place de “référents-étudiants” pour ouvrir le dialogue et l’échange en cas de besoin.

Pour autant, il faut que les ENSA aient les moyens de mettre ces actions en place pour régler les problèmes auxquelles elles sont confrontées. Revoir les programmes et les méthodes d’enseignement semble être la prochaine étape pour mettre un terme à la culture des charrettes et donner une charge de travail plus adaptée aux étudiants d’architecture.

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